Open Compute, un Investissement d’Avenir pour le Cloud Souverain et l’industrie française

Scoop.it

Si notre industrie électronique nationale est en retrait depuis longtemps, il reste en revanche en France de nombreux savoir-faire de pointe en matière d’architectures de microprocesseurs, voire de conception de composants. Ces compétences très pointues, formées dans nos meilleures écoles d’ingénieurs et universités, n’ont pas toujours la possibilité de passer à l’action sur le territoire, et sont des recrues faciles pour les entreprises étrangères, qui non seulement leur déroulent le tapis rouge en dollars ou en yuan, mais leur offrent surtout l’environnement dans lequel ils pourront développer et déployer leurs produits et technologies à grande échelle.

Or la souveraineté électronique n’est pas pleinement concevable sans une maitrise des « couches basses » que sont les microprocesseurs, ou encore l’architecture des datacenter au dessus desquels se déploient plateformes logicielles et services applicatifs. Les principaux hérauts du Cloud Computing américains ont tous pour particularité de concevoir eux-mêmes leurs infrastructures, et d’une certaine manière font le contraire de ce qu’ils recommandent à leurs clients.

Comment économiser 1,3 Milliard de $ ? Il suffit de 20 ingénieurs…

La prochaine révolution informatique à grande échelle a démarré à partir du projet OCP (Open Compute Project), démarré en 2011 par Facebook avec le soutien notamment de Microsoft et Goldman Sachs (saviez-vous que cette banque dispose de sa propre équipe d’ingénieurs en charge de concevoir leurs serveurs?) qui ont pour objectif d’être au matériel ce que l’open source est au logiciel. Il s’agit de repartir des besoins des clients finaux et de désintermédier les fabricants (OEM) de serveurs comme HP, Dell ou Lenovo en certifiant directement des configurations matérielles adaptées au client et à ses objectifs de coûts.

OCP est le fruit de la démarche effectuée par Facebook qui aurait, en 2 ans et avec une vingtaine d’ingénieurs, revisité de fond en comble tous les constituants d’un datacenter en vue de réduire les coûts (ce qui est essentiel quand on gère 1,2 milliard d’utilisateurs, et un revenu moyen unitaire de quelques dollars annuels). Les économies de CAPEX sont de l’ordre de 30%, et celles d’OPEX peuvent aller jusqu’à 40%, une part importante de celles-ci étant liée à la consommation électrique du data center. OCP est ainsi une démarche largement éco responsable, qui permet d’abaisser le PUE d’un datacenter (la mesure de son efficacité énergetique) de 1,2 – 1,3 (la moyenne actuelle des « bons » datacenters européens) à 1,03 – 1,07 (le datacenter récemment déployé par Facebook en Suède affiche 1,05).

Un processus de certification confié à des universités

La prochaine étape du déploiement d’OCP passe par un processus de certification permettant à des clients finaux de commander directement des références matérielles à des équipementiers ou à des fondeurs (ODM), pour la plupart asiatiques. Afin de garantir la neutralité de ce processus de certification, la Fondation Open Compute a décidé de le confier exclusivement à des centres de recherche universitaire. Ce choix permet également d’en réduire sensiblement le coût (on parle de quelques milliers de $ par certification ce qui représente une fraction des tarifs habituels), et a l’avantage de faire monter en compétence des chercheurs, universitaires et élèves ingénieurs sur des projets concrets et de pointe.

A ce stade, un premier centre de certification a été annoncé au sein de l’Université d’Austin au Texas (UTSA). Un second devrait suivre en Asie (très probablement à Taiwan ou Hong Kong), et la Fondation s’interroge sur l’opportunité d’ouvrir également un centre européen. Celui-ci pourrait intéresser l’Allemagne ou l’Espagne (Barcelone dispose de fortes compétences dans le domaine), mais il se trouve que la France dispose d’une carte maîtresse…

Où comment une société de 13 personnes a convaincu le patron de la Fondation OCP

La société SDS, startup du plateau de Saclay dirigée par Jean-Marie Verdun (un ancien de Digital Equipment – la puce Alpha pour les historiens – puis de Compaq & HP) dispose d’une très forte compétence dans le domaine puisque ce sont eux qui conçoivent notamment tous les PC en marque blanche vendus par le Groupe Auchan. SDS est, aux côtés de Cloudwatt, un des contributeurs français d’Open Compute, et la qualité de leur participation aux différents symposiums ainsi que leur expertise leur a valu de convaincre Cole Craword, Directeur Executif de la Fondation OCP, de l’opportunité que représentent la France et le plateau de Saclay pour y implanter le Centre Europeen de certification OCP.

SDS estime dans la foulée pouvoir développer une architecture très basse consommation qui pourrait bénéficier à l’ensemble du cloud souverain francais. Au delà de Cloudwatt et Numergy, et de leurs actionnaires industriels, les architectures Open Compute pourraient intéresser l’ensemble des entreprises ayant des besoins massifs de serveurs, que ceux-ci soient privés (nos banques suivant l’exemple de Goldman Sachs cité supra) ou en mode cloud.

Paris – Saclay, nos industriels et le pays ont tout à gagner

Ce projet me semble représentatif d’une ambition industrielle et politique à la fois réaliste (c’est une histoire de compétences à forte capacité d’entrainement) et porteuse d’avenir (il s’agit de participer au prochain volet de l’informatique de puissance et d’entraîner es européens dans l’aventure). Il ne menace pas d’emplois en France (ceux qui ont le plus à craindre de la démarche OCP sont Dell, HP et Lenovo) et permet au contraire d’y fixer des compétences de haut niveau actuellement courtisées à l’étranger. Sa mise en œuvre suppose cependant un timing rapide puisque l’annonce des centres de certification OCP qui viendront compléter celui d’UTSA devrait être effectuée à San Antonio le 7 ou le 8 mai prochains.

Time is of the essence

Tous les ingrédients sont donc là: une PME compétente, reconnue (soutenue par Alain AZAN, Partner émérite de Sofinnova à San Francisco) dynamique et motivée, qui a déjà identifié une école d’ingénieurs partante pour assurer la certification, un acteur du Cloud Souverain (Cloudwatt) mobilisé ; il reste a orchestrer tout l’écosystème en le soutenant.

Une belle histoire de redressement productif ?

Scoop.it

La vidéo qui permet d’approfondir le sujet

IDATE DigiWorld Summit 2012 « Platforms & Shovels for the next Gold Rush » plenary session panel introduction

Digiworld Summit 2012, 15Nov – Philippe Dewost (Caisse des Dépôts) – Plenary Session
from DigiWorld by IDATE

Here is the introduction speech I gave for the « Platforms & Shovels for the next Gold Rush » plenary session panel I ran on Nov 15th in Montpellier during IDATE DigiWorld Summit 2012.

« Thank you François and Yves to have asked me to run and moderate this last panel. Caisse des Depots, a long term investor playing a pivotal role in sustaining french economy, has been indeed a long time standing partner of IDATE

This is my first time at the DigiWorld summit and after what I’ve seen and heard over these past 36 hours, I am sure it won’t be the last one !

Our plenary session faces two challenges:

  • One, it is the last one and is therefore supposed to embrace what was delivered since the summit’s beginning and bring a fresh outlook on platforms
  • Two, it is tangled between two high profile keynotes, and short after your lunch, which will urge our panelists to keep it vivid and engaging.

Before introducing our panelists, I’d like to make 2 preliminary comments on our topic « Platforms and shovels of the next gold rush »

1/ about platforms

Platforms are not new, but have become a masterpiece in the current digital game plate. This has been mainly due to the combined ground work of Moore and Metcalfe’s laws, and the singular breakthroughs of a few disruptors in devices and services. The speed at which the market has reconfigured makes today’s positions less than eternal and hopefully not just transient: but looking backwards, who have dare to predict, 6 years ago, that Nokia would move so quickly from #1 to burning platform, or that an online book seller would initiate the cloud computing revolution and hit an estimated $1 Bn revenue mark in 2012, by allowing any team of software engineers to rent massive amounts of storage and computing, sometimes for just a few days?

2/ about the gold rush and the underlying business issues

Platforms, be they devices, cloud services, market places all have in common the fact that they are two sided business models. Two sided business models are about controlling a portion of a value chain by deploying both client and server, in device app and service, for the sake of both market coverage AND dependancy reduction.

Platforms however go beyond 2 sided business models as they try to create dependancies for others. By exposing carefully some of your inner workings to partners through APIs allows you to extend your customer reach without having to reach the customers yourself, and to enable value creation on top of your infrastructure.

The whole trick is of course what you expose and what you keep under control. Even when you create a free service perception in the mass market, there is huge money at stake. So the only question, in each business, is to precisely define what you want to control and how the « openness » you display on the rest actually helps you strengthen such control. As a paradox, most key platform players actually do own their own infrastructure, in sometime massive ways as Pascal Cagni reminded us yesterday.

Yesterday was all about openness, choice, avoiding prisons on apps & devices since smartphones are themselves platforms. It was also about how broadband networks shall be deployed to cope with bandwith needs while capturing more of the value they create.

In the Cloud and Big Data space, we will face the exact same challenges, the same scale effects, hence this session.

The panel on stage is a high profile and interesting one with combining huge infrastructure vendors, both in networks (Dr Robert PEPPER, VP, Global Technology Policy of Cisco) and computing (Kedrick BROWN VP Telecom, Media, Entertainment of IBM global services), the mothership of cloud computing that is deploying a platform model on digital content including devices (Ryan SHUTTLEWORTH of Amazon Web Services UK), a telco known for its early expansion in business and value added services (Corrado SCIOLLA of BT Global Services) , and the founder of a disruptive company playing in the CDN, Cloud and DataCenter ecosystem (Julien COULON of Cedexis)

The rules we agreed on with the panelists are: no corporate lingua (to stay polite), few slides, conversation mode with 2 to 3 min single talks. Please welcome and support all the panelists in sticking to this promise and enjoy the session.« 

See also related speeches from :